samedi 23 octobre 2010

Histoire de Philippe ( brouillon - 01)

Pour Manon, ma fille aliénée.


Si je n'éprouve pas pour l'histoire que j'écris et relate le sentiment et la sensation violente d'opérer en permanence la plus grande transgression pensable à mes yeux, à quoi bon encore ? Il faut des crimes, des crimes épouvantables, inexpiables; il faut jeter sur le papier l'ignominie la plus crapuleuse, utiliser des "noms propres" pour les mettre en scène et les battre en brèche dans des ordures, entrer dans tous les détails et avilir, avilir, avilir les maîtres; faire resplendir les esclaves et les réprouvés, tout renverser avec un systématisme luciférien, irrémédiable.
Ce qu'on n'ose que vaguement penser contre, il faut l'agrandir exponentiellement, en faire l'arène d'une criminosophie scientifique, impérieuse, souveraine. Les apologues les plus monstrueux, les moins défendables, ces ordures vives, il faut leur donner jour et jouissance, et logistique et raison, leur donner leur vaste bon plaisir. Parmi tant et tant de nuit je voudrais que trois pages d'un récit suffissent à me faire jeter en prison, à me faire mener à la chaise électrique; car c'est dans l'électricité que le verbe vit. Tout est perdu à jamais et nous avec. Il faut être irrémissible. Essaye du crime moral auquel on parvient par écrit. Souille le pouvoir, avilis l'autorité, rend monstrueux tout ce qui entend se faire respecter. Il faut les tripes sur la table du déjeuner de bon appétit, Messieurs, manger toute la merde; toute.
- Vous avez écrit là un livre si abject qu'il est strictement indéfendable. Dans quel égoût mental vivez-vous ?
- Je n'ai fait que mon rapport. Votre planète m'a désagréablement surpris. ( Il rit ).
- Comment avez-vous pu penser -je ne dis même pas écrire !- de pareilles choses ?!
- Ces choses, pensées, puis sciemment écrites, m'ont permis de vivre dans votre monde de mort. Mon instinct de vie a du s'enter sur ma pulsion de mort. Où suis-je fautif ?
- Vous êtes un grand misérable, un malade, un déchet, un psychotique.
- Vous m'avez produit. Enfermez-moi.
- Nous le ferons.
- J'écrirai encore.

( D'un cri majestueux, brusquement, l'ange ouvrait les rideaux : les rideaux déchirés, le fond des mondes -un vide malade- s'ouvrait comme un livre plein de saillies incestueuses, de fumées d'opium, de sueurs glacées. D'abord un climat, un crime, une face; jouir crispe ).

Elle fend le crépuscule du matin sur un cheval fourbu, repartant au château vide et glacial. L'orage vient d'éclater ce qui est rare à l'aurore, il claque des dents comme dieu. Une pluie fine et laiteuse défait formes et lueurs. Il faudrait tout finir, tout flamber, et tout tuer.
J'ai la curiosité d'en savoir encore un peu plus.
Un énième jour de souffrance s'annonce.

jeudi 6 mai 2010

Fêtes de Nuict

du 30 avril, encore, parfois.

Fenêtre de nuit, dans la nuit et parmi la nuit toute infuse de luminescences fauves et vives. Je m'y accorde volontiers avec moi-même, dans une espèce d'espace ou le Temps spacieux se courbe à mes désirs, épouse les formes d'un oubli ouvrant sur la ressouvenance des choses majeures. L'ordre mesquin du monde diurne est aboli; ne reste que tout l'être, dans la vérité de l'esprit -itinéraire spécieux aux mille crinières d'écumes, qui bave parmi les ciels en haillons d'étoiles, se donne à la joie forte du verbe vaquant sur l'Océan nocturnal, sans fin ni mégarde. Flanant fameux parmi les mondes. Le grand zéro de pleine lune xenomorphe, zoo intersidéral saoul de bruissements empathiques, et la terre chaude encore malgré le poignard des nuits, témoignante muette du soleil courbe. Témoignant toujours, fidèle et fière, cambrée & sodomite.
Et qu'y puis-je si les mots sont la seule caverne mauve où j'ai retrouvé encore, selon mon coeur et mon corps, chaleur, indignité et vie valide ?

" Je ne sais pourquoi je suis écoeuré, cria-t-il. C'est quelque chose que j'ai mangé. Il y a dix ans".

De la tenue, les hauts parages :
On nous fusille dans deux heures !

Pour Nina, la Louve.

du 30 avril 2010 - Tout vivant et pantelant.


Elle s'assit dans l'ombre, dressa la tête, et dit : "Ecoute". Elle était belle comme 100.000 suicides de milliardaires.
- Ecoute, doux fol. Mon prenant.
- Qui ?
- L'âme du monde.
- Et quelle est l'unité d'échange ?
- Mes cris de plaisir. Les larmes éblouies. Les aigrettes de vent sur les tempes.
- Viens là, trop près. Venez ça, petite masque, donnez la main...
- Voici ton fourreau.
- Et voilà le crime.

( Ils le consomment. L'océan tire ses langues).

mercredi 13 mai 2009

Un Putsch pendant que vous dormez....

Texte de Front Page de la Revue Banalités de Base :



"Le temps présent, grand Dieu ! c'est l'arche du
Seigneur; malheur à qui y touche".

Denis Diderot.


" Alors dist Pantagruel :
"Si les signes vous faschent,
ô quant vous fascheront
les choses signifiées!".


François Rabelais.



CONVOCATION.

Les grandes décisions ne changent pas seulement le monde où elles interviennent, mais elles modifient les conditions de leur passé, leur donnant un sens neuf et les redistribuant dans l'ordre d'une histoire dont elles sont la seule Raison. Sous les traits d'une archéologie, l'évènement pur a besoin d'une cartographie symbolique. La cartographie passée de l'évènement, à laquelle celui ci seul permet de donner sens, est bien l'archéologie de sa puissance et la profondeur de sa vérité. Le présent tisse, des significations illuminées par son passé, les réseaux réels, les amitiés et les conflits, les formes et les schèmes d'une histoire dont il est l'origine. A son tour, il sera le passé d'un évènement futur qui l'éveillera à son sens inconnu. Nous convoquons ici le moment où la philosophie dessaisit la religion de la légitimation du souverain bien; et où elle revendique de décider seule des formes et de l'hist oire de la liberté humaine.
Car désormais, le seul type d'expérience sociale révolutionnaire qui s'offre à l'homme -le monde le prouve chaque jour- est l'évènement messianique. Là est le véritable domaine de la liberté absolue, le laboratoire où peut être encore éprouvée la liberté jusqu'au bout d'elle même dans sa vérité contradictoire et son "absolu déchirement". Cette expérience ne peut plus emprunter les calmes chemins de la pédagogie morale, de la philosophie moderne classique, et encore moins se donner pour limite les droits de l'homme. Nulle liberté qui compose ici avec les fondations de la cité, mais une pensée gyrovague qui juge cette cité d'un point de vue extérieur. A cette Histoire Politique Aristotelicienne dont nous vivons le crépuscule, nous opposons la liberté -identique à l'arrachement-; nous déterminons ici la mise en cause et le procès des principes de la soumission légale; pour y établir le lieu d'élection d'un autre type de rapports tumultuaires entre l'acte humain et Dieu.

Colonel-Comte Von Nada **



La revue "Banalités de Base" sera datée dans le temps des deux équinoxes et des deux solstices annuels, et sortira environ dans ces temps là. Tirée à 170 exemplaires, elle sera d'abord envoyée à une liste prédéterminée de 66 adresses et à titre gracieux. Composée de 36 ou 42 pages, illustrée, elle sera également mise en vente à partir de la fin du mois de juin 2009, contre la somme de 15 € (et frais de port).

On s'abonne par mail à l'adresse suivante :

adenlibrairie@aol.fr

Be seeing You **

samedi 4 avril 2009

Notes Brèves sur la Révolution.

" Bien important est
de conserver Strasbourg".
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Louis XIV.
.
.
" Bien important est de faire diriger les pillages
par des équipes cagoulées des diverses polices :
c'est un tel b.a. ba de la provocation, et si vieux comme
CE monde, que personne ne s'en souvient plus ".
.
Maurice Joly.
.
.
.
L'esprit révolutionnaire est une attitude systématique et absolue qui consiste à la fois à coller aux événements immédiats, à en faire l'analyse selon des critères vraiment neufs, enfin à tenter d'établir le raccord puissant entre le passé Révolutionnaire, le présent de la Révolution, et son futur probable et voulu. Si nous nous battons, c'est parfois à des étages différents de la conscience et de la distribution des "phénomènes". Je ne suis pas un activiste, parce que je suis un théoricien. Je déteste la violence physique, mais dans la violence des Idées je suis chez moi de toute évidence et depuis toujours.
Dès ma prime enfance, j'ai pressenti le mensonge partout à l'oeuvre, "l'organisation des apparences", la structuration des falsifications, la violence primale partout dominante, les gros mangeant les petits; avec de très maigres arguments. Et puis ma vie a été si bien détruite par l'ordre dominant des choses; qui niait ce qui pour moi était l'essentiel : l'Art, la Poésie, la Révolte Logique, hélas l'Esprit dominé par la Matière la plus vile. Ce sont des choses qui vous prennent entièrement; et j'ai entièrement été pris. J'ai maudit et vomi votre monde. Je n'ai pas eu peur de la mort, ou, plus précisément : j'ai voulu mourir vivant. Et puis j'ai lu, j'ai été un familier des choses naturelles, j'ai questionné mon coeur, j'ai interrogé les étoiles; j'ai compris la souillure de votre monde. Enfin, j'ai perçu le langage, les signes, le Verbe, comme le plus beau Cheval de Troie qui puisse être. Je m'y suis glissé et me voici dans vos citadelles.
Je ne suis qu'une petite flamme qui arde dans les Ténèbres de plus en plus complexes.
On pourrait si facilement me tuer. Je suis nu -mais je suis entier.
De la Révolte Primale, j'ai retenu le Principe de Révolution. Marxiste, si vous voulez, ou plutôt Marxien. Je pense que les trois ou quatre théories de Marx sur la Marchandise, la Monnaie, la plus-Value, l'Accumulation-du-Capital sont tout comme si elles avaient été écrites avant-hier, tant le monde a peu changé dans sa substructure depuis le milieu du XIXe siècle.
Oui, "je suis le peuple qui manque". J'ai manqué, et j'ai été en manque, et je manque encore et suis encore en manque. Je pourrais donner des noms fraternels : Montesquieu, Diderot, Voltaire, D'Alembert, saint-Just, Babeuf, Raspail, Barbès, Blanqui, Hegel & Sade, Feuerbach, même Clausewitz, même Jomini, et Ciezkowski, et Büchner, Fourier, Thoreau, Lamennais et tant et tant d'autres.
J'y reviendrai.
Maintenant, je prépare une revue qui aura la vie qu'elle pourra et sera distribuée vraiment dans un esprit de frappe chirurgicale optimale, et en potlatch -du moins pour les premiers numéros. Car enfin : le supra-capitalisme agonise partout. Son échec patent au terme de presque deux siècles de conduction du monde aboutit à un bilan cataclysmique; l'économie est un cratère de météore où plus aucune vie n'est possible ni pensable. Les "petits hommes" avaient tout prévu, sauf cette fin ignoble "qui illustre l'infamie des origines". Que reste-t-il de cerveaux construits dans l'esprit anté et anti-spectaculaire, sinon ceux de nous qui naquirent vers les années 60 du siècle dernier et peuvent encore établir in media res de véridiques comparaisons ?
Les anarchistes-libertaires de la génération "50" se sont tous perdus, prostitués, dissous, compromis. Mais je ne suis même pas "anarchiste libertaire", ce serait trop simple. Je suis bien pire que ça : Je suis Jacobin. Je suis pour un Etat révolutionnaire fort dont le but serait la contamination internationale par et dans sa théorie et sa pratique. Veuillez me suivre.
Bientôt, la revue "Banalités de Base" verra le jour.
Depuis la revue "Internationale Situationniste" rien de pareil.
Nous allons porter la Lumière jusqu'au bout des tunnels illusoires, la lumière le feu et la vie, et les idées justes et la passion d'exister. Tout est à réinventer et nous n'avons en face de nous qu' ordures & décombres à perte de vue. La moindre Vérité Vraie percera comme un boulet de canon tout en s'insinuant comme la peste.
La Révolution continue toujours; et c'est ici, et c'est maintenant -feu de tous bois...!
Bertrand Delcour **

mardi 24 mars 2009

Alinéas 47 et 112....

C'est pour devenir toujours plus identique à lui-même, pour se rapprocher au mieux de la monotonie immobile, que l'espace libre de la marchandise est désormais à tout instant modifié et reconstruit.
( Thèse 166 ).
....
La duplicité consiste à courir toujours après ces faux instants, comme après la queue d'une comète, où la comète ne serait qu'un leurre. [alinéa 47 ].

///////

Le spectacle dans la société correspond à une fabrication concrète de l'aliénation. L'expansion économique est principalement l'expansion de cette production industrielle précise. Ce qui croît avec l'économie se mouvant pour elle-même ne peut être que l'aliénation qui était justement dans son noyau originel.
( Thèse 32 ).
...
Ceux qui font mine encore, dans une pseudo extrème-gauche refleurie par le fumier du Pouvoir qui-voit-loin, de croire toujours "au temps des cerises" oublient que le noyau de leurs récoltes est une donnée du Pouvoir et rien d'autre; et "le merle moqueur" lui-même n'est que la raillerie suffisante du Prince qui persifle d'aussi merveilleux hybrides, et prépare de succulentes compotes.
[ alinéa 112 ].

( ...)

ps - Je poursuivrai le développement dialectique ici ou ailleurs.

Guy Debord /// Bertrand Delcour **

"La Société du Spectacle" + " Banalités de Base" ...

jeudi 19 mars 2009

Last Words to be Read Some Day....

Dans un Etrange Bonheur, il dit :

"L'héroïne, c'est la plus Pure Chose que j'ai
connu dans cette vie; parce qu'à 13 ans
j'étais déjà foutu; j'étais perdu -et puis
il y avait ces souffrances où les mots,
où les gens du commun ne vont pas ne vont plus,
parce qu'ils se satisfont de viscères et de déliaisons d'âmes".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
"Je vénère l'opium et ses formes prenables,
parce qu'il me fallait me déprendre de la grossièreté
de votre monde de mort, ou crever; parce que vous vous satisfâtes de peu,
parce qu'il y a tant et tant de détresses épouvantables,
et votre complicité, votre latence -je ne veux rien avoir
à faire avec vous : ignoriiez-vous que vous êtes mortels,
barbaques ?"

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" Quand j'injecte je sens la chaleur du liquide
qui épouse parfaitement la forme interne de mes veines;
c'est comme du foutre; je suis compénétré;
héroïnomane et pire que sodomite passif -et puis,
tant et tant de détestables pensées qui ne rêvent
que feu et flammes,
et l'assassinat dans son bureau du Maître,
avec un bon vieux Sourire Kabyle".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" Je reviendrai; je suis loin, aussi loin qu'un être
aux autres; mais je reviendrai; je le changerai votre monde;
j'inverserai toutes valeurs et moi qui suis la vomissure
et les laves, je vous envelopperai de langes neufs,
de matières grises, et d'azur;
et j'observerai vos overdoses de salariés".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" Je n'ai jamais travaillé
qu'à l'anéantissement
et à la malédiction véhémentes
de toutes ces formes-paillasses
que j'ai trouvé sur cette terre
en tombant dessus, comme dans de la boue;
et je vous ramènerai à l'âge foetal, parce que
vous m'avez tué il y a bien longtemps, déjà".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" J'essuie mes pieds sur vos civilisations vos coutumes
vos technologies vos amulettes vos sexes vos mots votre morale;
vos fils que j'encule et vos filles que j'ignore.
Parce que à tant de douleur, je n'ai à la lettre
plus rien à répondre que ceci: vous passerez plus vite
qu'un mauvais rêve; tandis que je persisterai comme
le plus ineffaçable cauchemar,
dont vos bassesses de rats
furent l'oeuvre systématique et glorieuse;
et la seule, et l'univoque."

Dans un Etrange Bonheur,
il est parti comme le vent,
et il reviendra comme la tempête.

Voici mes Derniers Mots, partout, quelque part,
Au dessus des fosses et des espaces et des oublis et des plaisances divagantes;
ceci ne fait pas le jeu des astres et de l'infini,
ceci ne fait rien, et ceci touche à l'achoppement;
le manège a fini ses tours et ses cris;
plus de feintes;
silence blanc -comme une erreur
réparée enfin.

Démâtez et renvoyez au large.


))))))))