mercredi 13 mai 2009

Un Putsch pendant que vous dormez....

Texte de Front Page de la Revue Banalités de Base :



"Le temps présent, grand Dieu ! c'est l'arche du
Seigneur; malheur à qui y touche".

Denis Diderot.


" Alors dist Pantagruel :
"Si les signes vous faschent,
ô quant vous fascheront
les choses signifiées!".


François Rabelais.



CONVOCATION.

Les grandes décisions ne changent pas seulement le monde où elles interviennent, mais elles modifient les conditions de leur passé, leur donnant un sens neuf et les redistribuant dans l'ordre d'une histoire dont elles sont la seule Raison. Sous les traits d'une archéologie, l'évènement pur a besoin d'une cartographie symbolique. La cartographie passée de l'évènement, à laquelle celui ci seul permet de donner sens, est bien l'archéologie de sa puissance et la profondeur de sa vérité. Le présent tisse, des significations illuminées par son passé, les réseaux réels, les amitiés et les conflits, les formes et les schèmes d'une histoire dont il est l'origine. A son tour, il sera le passé d'un évènement futur qui l'éveillera à son sens inconnu. Nous convoquons ici le moment où la philosophie dessaisit la religion de la légitimation du souverain bien; et où elle revendique de décider seule des formes et de l'hist oire de la liberté humaine.
Car désormais, le seul type d'expérience sociale révolutionnaire qui s'offre à l'homme -le monde le prouve chaque jour- est l'évènement messianique. Là est le véritable domaine de la liberté absolue, le laboratoire où peut être encore éprouvée la liberté jusqu'au bout d'elle même dans sa vérité contradictoire et son "absolu déchirement". Cette expérience ne peut plus emprunter les calmes chemins de la pédagogie morale, de la philosophie moderne classique, et encore moins se donner pour limite les droits de l'homme. Nulle liberté qui compose ici avec les fondations de la cité, mais une pensée gyrovague qui juge cette cité d'un point de vue extérieur. A cette Histoire Politique Aristotelicienne dont nous vivons le crépuscule, nous opposons la liberté -identique à l'arrachement-; nous déterminons ici la mise en cause et le procès des principes de la soumission légale; pour y établir le lieu d'élection d'un autre type de rapports tumultuaires entre l'acte humain et Dieu.

Colonel-Comte Von Nada **



La revue "Banalités de Base" sera datée dans le temps des deux équinoxes et des deux solstices annuels, et sortira environ dans ces temps là. Tirée à 170 exemplaires, elle sera d'abord envoyée à une liste prédéterminée de 66 adresses et à titre gracieux. Composée de 36 ou 42 pages, illustrée, elle sera également mise en vente à partir de la fin du mois de juin 2009, contre la somme de 15 € (et frais de port).

On s'abonne par mail à l'adresse suivante :

adenlibrairie@aol.fr

Be seeing You **

samedi 4 avril 2009

Notes Brèves sur la Révolution.

" Bien important est
de conserver Strasbourg".
.
Louis XIV.
.
.
" Bien important est de faire diriger les pillages
par des équipes cagoulées des diverses polices :
c'est un tel b.a. ba de la provocation, et si vieux comme
CE monde, que personne ne s'en souvient plus ".
.
Maurice Joly.
.
.
.
L'esprit révolutionnaire est une attitude systématique et absolue qui consiste à la fois à coller aux événements immédiats, à en faire l'analyse selon des critères vraiment neufs, enfin à tenter d'établir le raccord puissant entre le passé Révolutionnaire, le présent de la Révolution, et son futur probable et voulu. Si nous nous battons, c'est parfois à des étages différents de la conscience et de la distribution des "phénomènes". Je ne suis pas un activiste, parce que je suis un théoricien. Je déteste la violence physique, mais dans la violence des Idées je suis chez moi de toute évidence et depuis toujours.
Dès ma prime enfance, j'ai pressenti le mensonge partout à l'oeuvre, "l'organisation des apparences", la structuration des falsifications, la violence primale partout dominante, les gros mangeant les petits; avec de très maigres arguments. Et puis ma vie a été si bien détruite par l'ordre dominant des choses; qui niait ce qui pour moi était l'essentiel : l'Art, la Poésie, la Révolte Logique, hélas l'Esprit dominé par la Matière la plus vile. Ce sont des choses qui vous prennent entièrement; et j'ai entièrement été pris. J'ai maudit et vomi votre monde. Je n'ai pas eu peur de la mort, ou, plus précisément : j'ai voulu mourir vivant. Et puis j'ai lu, j'ai été un familier des choses naturelles, j'ai questionné mon coeur, j'ai interrogé les étoiles; j'ai compris la souillure de votre monde. Enfin, j'ai perçu le langage, les signes, le Verbe, comme le plus beau Cheval de Troie qui puisse être. Je m'y suis glissé et me voici dans vos citadelles.
Je ne suis qu'une petite flamme qui arde dans les Ténèbres de plus en plus complexes.
On pourrait si facilement me tuer. Je suis nu -mais je suis entier.
De la Révolte Primale, j'ai retenu le Principe de Révolution. Marxiste, si vous voulez, ou plutôt Marxien. Je pense que les trois ou quatre théories de Marx sur la Marchandise, la Monnaie, la plus-Value, l'Accumulation-du-Capital sont tout comme si elles avaient été écrites avant-hier, tant le monde a peu changé dans sa substructure depuis le milieu du XIXe siècle.
Oui, "je suis le peuple qui manque". J'ai manqué, et j'ai été en manque, et je manque encore et suis encore en manque. Je pourrais donner des noms fraternels : Montesquieu, Diderot, Voltaire, D'Alembert, saint-Just, Babeuf, Raspail, Barbès, Blanqui, Hegel & Sade, Feuerbach, même Clausewitz, même Jomini, et Ciezkowski, et Büchner, Fourier, Thoreau, Lamennais et tant et tant d'autres.
J'y reviendrai.
Maintenant, je prépare une revue qui aura la vie qu'elle pourra et sera distribuée vraiment dans un esprit de frappe chirurgicale optimale, et en potlatch -du moins pour les premiers numéros. Car enfin : le supra-capitalisme agonise partout. Son échec patent au terme de presque deux siècles de conduction du monde aboutit à un bilan cataclysmique; l'économie est un cratère de météore où plus aucune vie n'est possible ni pensable. Les "petits hommes" avaient tout prévu, sauf cette fin ignoble "qui illustre l'infamie des origines". Que reste-t-il de cerveaux construits dans l'esprit anté et anti-spectaculaire, sinon ceux de nous qui naquirent vers les années 60 du siècle dernier et peuvent encore établir in media res de véridiques comparaisons ?
Les anarchistes-libertaires de la génération "50" se sont tous perdus, prostitués, dissous, compromis. Mais je ne suis même pas "anarchiste libertaire", ce serait trop simple. Je suis bien pire que ça : Je suis Jacobin. Je suis pour un Etat révolutionnaire fort dont le but serait la contamination internationale par et dans sa théorie et sa pratique. Veuillez me suivre.
Bientôt, la revue "Banalités de Base" verra le jour.
Depuis la revue "Internationale Situationniste" rien de pareil.
Nous allons porter la Lumière jusqu'au bout des tunnels illusoires, la lumière le feu et la vie, et les idées justes et la passion d'exister. Tout est à réinventer et nous n'avons en face de nous qu' ordures & décombres à perte de vue. La moindre Vérité Vraie percera comme un boulet de canon tout en s'insinuant comme la peste.
La Révolution continue toujours; et c'est ici, et c'est maintenant -feu de tous bois...!
Bertrand Delcour **

mardi 24 mars 2009

Alinéas 47 et 112....

C'est pour devenir toujours plus identique à lui-même, pour se rapprocher au mieux de la monotonie immobile, que l'espace libre de la marchandise est désormais à tout instant modifié et reconstruit.
( Thèse 166 ).
....
La duplicité consiste à courir toujours après ces faux instants, comme après la queue d'une comète, où la comète ne serait qu'un leurre. [alinéa 47 ].

///////

Le spectacle dans la société correspond à une fabrication concrète de l'aliénation. L'expansion économique est principalement l'expansion de cette production industrielle précise. Ce qui croît avec l'économie se mouvant pour elle-même ne peut être que l'aliénation qui était justement dans son noyau originel.
( Thèse 32 ).
...
Ceux qui font mine encore, dans une pseudo extrème-gauche refleurie par le fumier du Pouvoir qui-voit-loin, de croire toujours "au temps des cerises" oublient que le noyau de leurs récoltes est une donnée du Pouvoir et rien d'autre; et "le merle moqueur" lui-même n'est que la raillerie suffisante du Prince qui persifle d'aussi merveilleux hybrides, et prépare de succulentes compotes.
[ alinéa 112 ].

( ...)

ps - Je poursuivrai le développement dialectique ici ou ailleurs.

Guy Debord /// Bertrand Delcour **

"La Société du Spectacle" + " Banalités de Base" ...

jeudi 19 mars 2009

Last Words to be Read Some Day....

Dans un Etrange Bonheur, il dit :

"L'héroïne, c'est la plus Pure Chose que j'ai
connu dans cette vie; parce qu'à 13 ans
j'étais déjà foutu; j'étais perdu -et puis
il y avait ces souffrances où les mots,
où les gens du commun ne vont pas ne vont plus,
parce qu'ils se satisfont de viscères et de déliaisons d'âmes".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
"Je vénère l'opium et ses formes prenables,
parce qu'il me fallait me déprendre de la grossièreté
de votre monde de mort, ou crever; parce que vous vous satisfâtes de peu,
parce qu'il y a tant et tant de détresses épouvantables,
et votre complicité, votre latence -je ne veux rien avoir
à faire avec vous : ignoriiez-vous que vous êtes mortels,
barbaques ?"

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" Quand j'injecte je sens la chaleur du liquide
qui épouse parfaitement la forme interne de mes veines;
c'est comme du foutre; je suis compénétré;
héroïnomane et pire que sodomite passif -et puis,
tant et tant de détestables pensées qui ne rêvent
que feu et flammes,
et l'assassinat dans son bureau du Maître,
avec un bon vieux Sourire Kabyle".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" Je reviendrai; je suis loin, aussi loin qu'un être
aux autres; mais je reviendrai; je le changerai votre monde;
j'inverserai toutes valeurs et moi qui suis la vomissure
et les laves, je vous envelopperai de langes neufs,
de matières grises, et d'azur;
et j'observerai vos overdoses de salariés".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" Je n'ai jamais travaillé
qu'à l'anéantissement
et à la malédiction véhémentes
de toutes ces formes-paillasses
que j'ai trouvé sur cette terre
en tombant dessus, comme dans de la boue;
et je vous ramènerai à l'âge foetal, parce que
vous m'avez tué il y a bien longtemps, déjà".

Dans un Etrange Bonheur il dit :
" J'essuie mes pieds sur vos civilisations vos coutumes
vos technologies vos amulettes vos sexes vos mots votre morale;
vos fils que j'encule et vos filles que j'ignore.
Parce que à tant de douleur, je n'ai à la lettre
plus rien à répondre que ceci: vous passerez plus vite
qu'un mauvais rêve; tandis que je persisterai comme
le plus ineffaçable cauchemar,
dont vos bassesses de rats
furent l'oeuvre systématique et glorieuse;
et la seule, et l'univoque."

Dans un Etrange Bonheur,
il est parti comme le vent,
et il reviendra comme la tempête.

Voici mes Derniers Mots, partout, quelque part,
Au dessus des fosses et des espaces et des oublis et des plaisances divagantes;
ceci ne fait pas le jeu des astres et de l'infini,
ceci ne fait rien, et ceci touche à l'achoppement;
le manège a fini ses tours et ses cris;
plus de feintes;
silence blanc -comme une erreur
réparée enfin.

Démâtez et renvoyez au large.


))))))))

mercredi 18 mars 2009

Programme pour Ailleurs.

Away ! Away !
_______

C'est l'unité de la misère qui se cache
sous les oppositions spectaculaires.
Si des formes diverses de la même
aliénation se combattent sous les
masques du choix total, c'est
parce qu'elles sont toutes édifiées sur les
nullités réelles masquées. Dans tous les
cas de l'industrie de la variété, on ne trouve
qu'une image d'unification heureuse
environnée de désolation et
d'épouvante, au centre tranquille
du malheur . Ce sont des choses qui
règnent et qui sont déjà jaunes;
qui se chassent et se remplacent elles-mêmes.
.
b* d*
***




1/
Interruption de ce blog assez superflu jusqu'en septembre,
dans la mesure où ce lectorat virtuel n'est pas le mien;
et même mon exact contraire.
2/ Ecriture d'un livre durant la-dite période,
qui ne sera diffusé qu'à des conditions
pour le moins rageantes & décourageantes aux cochons.
3/ Et puis l'amour, le sens retrouvé du
langage sans clinquant ni jargon-de-l'authenticité
crypto-sussuraliste;
et -même- quelques voyages clandestins.

Enfin, comme me dit M* B*, après
mes intéressantes remarques et anecdotes:
"Qu'alliez-vous foutre avec les saltimbanques pseudologues !"

Donc, plus d' "aller foutre avec les ..."

Le spectateur privé de tout, sera en outre privé du reste,
ce reste résistant & parlant français, par conséquent sans intérêt sérieux
pour des drôles qui voyent assez bien
qu'ils ne sauraient exister hors leur dégustation quotidienne d'âneries :
le tout et son contraire qu'ils croivent, ou croivent moins,
selon les intérêts matériels immédiats
qu'ils peuvent en déduire, sachant mieux compter que lire :
en ceci ils auront bien été de leur temps,
jusqu'à un certain point -qui vient.

Et il tournera en rond dans la nuit en étant dévoré par ses puces,
ce spectateur tétraplégique et anencéphale,
clownesque.

***


B* D*

lundi 16 mars 2009

Reif sind, in Feuer getaucht.....

Extraits des

" Mémoires d'un gentilhomme disqualifié."
________


" Reif sind, in Feuer getaucht,
gekochet
Die Frücht'
und auf des Erde geprüfet und ein Gesetz ist

Dass alles hineingeht,
Schlangen gleich,

Prophetisch, traümend auf
Den Hügeln des Himmels ".

Friedrich Hölderlin.



Un soir de 1987 que, chez Robert Bresson, mon "âme était triste jusqu'à la mort", le vieillard, qui ne causait guère, me fit don d'une espèce de collage, dont il me souvient encore. La Seine était rougie comme du sang mêlé de purulences, et nous demeurâmes longtemps dans le silence; il ne nous restait plus rien, que notre gigantesque indigence, laquelle nous sembla comme une hutte au désert, où tout peut se transmuer dans la fidélité dess choses véridiques. Voici ce qu'il s'amusa à refaire, sur la base de dialogues de " Le Diable probablement". Il l'inscrivit sur un papier si frêle qu'il bruissait, et me le donna, regardant aux cieux la lumière terrestre, qui s'éteignait.


>. La Jeune fille mauve.<
_ _ _ _ _ _ _



La putain vaniteuse faisandée -- Il faut évoluer, qu'on nous voye bien partout, vivre avec son temps...

Le famélique créateur de formes ("vous" disait-il) -- Je le dégueule; votre temps.

La Jeune fille mauve ("ça n'existe plus", dit-il) -- Ce n'est pas par la médiocrité que dieu se fait connaître. "

* * *

Et tu sauras combien est fausse la vertu des hommes
pris dans la circularité de l'or;
combien est déshonorante la promiscuité des antiques catins;
et vois-tu ces rats ? affairés d'ordures...
affolés de crever bientôt et d'une
intelligence morte et momie de computer;
et contre toi, seul dans la vérité nue et souple de ton désir sans corporalité.
Janséniste quoique sans dieu, tu demeureras
dans l'acquiescement dangereux des formes nouvelles
et l'éblouissement fameux des songes unanimes .

Bertrand Delcour *



# # #



Journal Ex-Time ( 5 )

Obscurcissements
____



" La prudence des anciens hermétistes opposée

au désir moderne de tout dire, même ce que l'on
ne sait pas, se justifie chaque jour d'avantage
pour moi. D'autres décrets que ceux du code règlent
la parole humaine. Fructueux tirages, honneurs ou
amendes ne sont pas les seuls résultats à attendre
du livre".

Pierre Mabille - "Egrégores".



Les évènements qui, par leur étude cruciale et la tentative de leur compréhension, pourraient nous permettre d'effectuer un processus d'enclenchement vers un niveau souhaitable de conscience, paraissent -et c'est d'ailleurs à cela qu'on peut identifier leur valeur- très obscurcis et lointains, comme frappés d'interdit. Inversement, d'autres évènements nous sont incidemment proposés dans une lumière franche et une importance accrue, à la façon de leurres. Ainsi ce par quoi la clarté pourrait renaître est comme exilé et fantasmagorique au fond d'un horizon fuyant et incertain, tandis qu'autour de nous grouille avec une véhémence abrutissante cette masse pléthorique de pseudos-évènements, soi-disant "informations" qui s'appliquent à dissimuler, et avec de moins en moins de gène, leur pure et simple nature de mots d'ordre.

Celui qui voudrait aujourd'hui encore faire de la connaissance le but principal de sa vie, devrait tout d'abord prendre un recul tel quant aux glapissements insensés du monde, qu'à tous moments il lui faudrait renoncer à peu près à ce qui, dans cet ordre des choses battant tambour, pourrait le faire passer pour un homme conséquent et, pour échapper à l'indifférencié de tout message donné à sons de trompe, différer et mesurer avec la plus haute prudence tout ce qui, jusque là, s'attachait au monde familier, mais révolu, du créateur en sa création. C'est devant cette nécessité préalable désolante et si âpre que beaucoup, sinon tous, décident, en fin de compte, de renoncer à un renoncement dont la nature accablante les terrorise.


***

dimanche 15 mars 2009

Journal Ex-Time ( 4 )

Un luxe inconfortable mais nécessaire >> écrire.
---
N'en point douter : ceux qui font des manières sont ceux qui jalouseront
toujours violemment votre manière. Ne s'en point affliger : Ce
sont aussi, à l'occasion, vos plus dangereux ennemis.
***
Alain Bashung est mort hier. Quand un manieur de mots disparaît, ceux qui en font le constat ne les trouvent plus. C'est qu'il aura filé avec la caisse, en se méfiant avec raison de la valeur intrinsèque des héritiers.

***


Dans mes rêves, par mes rêves, pour mes rêves, je reconstruis mon intérieur monologue. Ca parle, ça se libère, on dirait que ça veut décoller. Bientôt, ça coulera de source comme molle merde ou beurre fondu, et j'aurai reconstitué la plus gracieuse de mes fonctions naturelles.

***

Ce qui opère aussi toute la profondeur et la vastitude d'une Pensée, ce sont aussi toutes ces pensées -de premier intérêt pourtant- qu'on va se dispenser (soit paresse soit grandesse) de retenir en les couchant sur le papier et qui ne verront jamais le jour, constituant cependant comme une atmosphère propice, un parfum, une fragrance; non point "odeur de sainteté" mais "odeur de génie". Ainsi mes réflexions intimes de tout à l'heure sur les pseudo-collages de TT23, qui trompent fort les niais, et détrompent d'autant que précisément ils ne relèvent pas du concept-collage mais de l'analogie-formelle-dialectique REUNIE, et dont la "réunion" propitiatoire SOULAGE l'informalité de l'Esprit. En ce sens le travail de TT23 (1) est marqué du signe de la junkitude : Besoin > Recherche > Trouvaille > Soulagement > Plaisir; >> ainsi de suite et sans fin.

***

Il faut savoir être vierge de tout enjeu intellectuel, pour pouvoir installer, lever et drosser l'écriture dans toutes ses grandes lippées et ses meilleures coudées franches. D'où l'instinct de nonchaloir qui fera toujours défaut aux crevards énervés qui veulent de l'épate à gogo.
***
Les sophistes précisément se reconnaissent à leur capacité -la seule - de donner l'aspect d'une trouvaille à une platitude; quand les autres, les sévères, se plaisent à donner la façon fanfreluche d'un sophisme à une remarque de haute nature.

***

Il est difficile à un ivrogne d'admettre qu'une fontaine à nectar aussi abondante puisse avoir été construite dans un autre but que celui de satisfaire sa saoulographie tapageuse particulière.
***
On ne saurait jamais assez reproduire en grande tenue ses émotions, ne fut-ce que pour leur rester au moins fidèle en les rendant à peu près incompréhensibles à la canaille.

***

Ceux qui veulent vous enfermer dans un style, c'est à dire dans un rôle, ceux-là qui veulent ou voudraient jouer à la poupée avec votre génie en vous le confisquant pour le couler à fond dans la perpétuité insignifiante d'un moment qui, sans doute, aura du leur plaire, sont précisément ceux-là qu'il vous faut fuir immédiatement et sans délai, et sans retour possible ni pensable; et même, sans réfléchir.

***
Lacenaire n'était pas le fils d'un marchand d'hélicoptères à missiles air-sol engraissé lors d'une guerre crypto-civile moyen-orientale. En ceci il pouvait fort justement dire : "Je ne suis pas un homme avec qui l'on se bat".



entre 7:30 et 9:40 am ce 15/3/09.


Bertrand Delcour **

(1) Il s'agit de l'excellent Thierry Tillier.

jeudi 5 mars 2009

-- IDIOTIC STYLE --

***
In Memoriam Georges Hyvernaud
( 1902 - 1983 ).
The Dum-Dum Boy Talk.
La petite ville où j'habite, proche de Paris, est peuplée de vieillards. Des rampes d'illumination en forme de gigantesques araignées ont été disposées tout au long de la Grand Rue.
Près d'un panneau qui indiquait : "Caveau", j'ai vu un arbre encore vert dont les feuilles ressemblaient à des coeurs de cartes à jouer. Un magasin vend des instruments de musique. Il est austère. On y voit beaucoup la couleur vernissée du bois. Des métronomes de taille variable sont en devanture et oscillent. Des vieillards cheminent le long de chaque trottoir. Ils sont en jaunes en marrons et en noirs. Je pense à eux quand je fais pipi et quand je fais caca. Je crois que je penserai aussi à eux quand je vais mourir. Il y aura leur tête partout sur les murs. Le ciel est bleu. C'est un temps pour dire IL FAIT BEAU et penser que la famine est au complet au déjeuné et que tout est parfait. Dans les cafés, les dessins sur les flippeurs n'ont aucun sens. Ils sont délavés. J'imagine qu'on doit servir de mauvaises bières, de mauvais esspessos, trop clairs. La publicité CHOKY y marque toujours l'heure. Il y a un monument sur une pelouze. Elle est comme le vert des feuilles colorées qu'on pose sur les écrans tévé noir et blanc. Sur le socle du monument il y a SOUSCRIPTION NATIONALE. Un i manque. En haut c'est le Gl Daumensnil. Ailleurs, avant, à la place de BOUCHERIE NATIONALE, j'ai lu COUcherie.
Ils disent je suis un crétin congénital mais gentil.
Aujourd'hui je vais au dispensaire parce-que je suis très malade. Deux vers se développent dedans mes reins. Lorsqu'ils auront tout mangé ils iront dedans mon corps me manger. Il y a des drapeaux dessus parce-qu'on va fêter les morts. Au dispensaire des petites vieilles attendent au bout de rangées de chaises. C'est comme un boulier. On rentre où CA S'ALLUMME ROUGE. Là il y a une petite pièce peinte en bleu où il fait très chaud où on se déshabille et une glace où on peut voir l'air malade qu'on a. J'ai une drôle de tête. Je fais des grimaces.
Les gens sont très-gentils avec moi parce que je vais mourir. Par exemple quand je m'en vais chez ma GrandMère, hé bien elle me donne tous les magasines qu'elle a lu et beaucoup de petits gâteaux. Ca colle après j'ai mal au dent. Je regarde les images des magasines en faisant beaucoup attention. Elles sont spéciales. Elles sont très très grises et presque dorées, comme de l'or devenu noir. Il y a d'énormes visages avec beaucoup de cheveux, et puis des gens morts qui ressemblent à de gros torchons essorés. Tout est très très gros.
Ca a l'air fatigant de mourir.
x x x.

Journal Extime (3)

L'envers de la tapisserie.
Au désert, du LXVe jour de l'an 09 -- Impossible de même songer à écrire un livre aujourd'hui, sans que celui-ci ne soit cette chose, où, tout ce qu'il ne faudrait pas dire, ne se trouve explicité, jusqu'en ses terminaisons les plus inavouables. Si littérature il peut y avoir encore, celle-ci doit exprimer tout ce qu'il serait fort convenable de taire. Il ne s'agit que de s'installer avec armes et bagages vis-à-vis de ce monde, en contemplateur et contempteur, et mater son aspect d'épouvante ordinaire en mettant des mots à mitraille sur cette béance, descendre en à-pic dans ces platitutes, les sonder toutes au fil d'acier, suivre ces traces qui font mine de se perdre et de se dissoudre dans l'atmosphère pulvérulente d'une époque éperdue.
Derrière l'apparente foire d'empoigne sociale du quotidien, derrière ces moments d'éclats et de pseudo-rupture où l'illusion "que quelque chose se passe" nous maintient dans la passivité torpide de celui qui assiste et "regarde toujours", se tient tapie une toute autre réalité, une désolation farouche et commune qui est comme le fond même où s'adossent nos jours fantômes qu'on fusille sans bruit. Un fond au contact duquel la terreur nous prend et nous maintient roides, et c'est dans et par cette prise, cet étranglement de ténèbres dont nous ne voudrions pourtant rien savoir, ni -surtout- rien entendre dire ni lire (à plus forte raison le réquisitoire trop vaste d'un récit, d'un livre), que nous nous tenons englués dans l'aveuglement, le tatonnement effaré, les étranges fièvres viscérales, la sensation lugubre d'un enterrement vivant...
Le Regard qui pourrait ouvrir et désarticuler ces sépultures profondes en lesquelles nous "gisons nos vies" est à réinventer, et ceci furieusement. Ce Regard de visions qui est d'abord un retour sur soi, une réintégration souveraine, c'est l'oeuvre d'une littérature qui ne s'attache plus qu'à travailler à coeur-ouvert ce monde sans coeur, à dévoiler et détruire le secret de cet empire de surface qui claironne si péremptoirement n'avoir plus de secret(s).
Car tout est caché ici bas et maintenant. Pour masquer cela : faire croire bien sûr inversement que tout est dit et que tout se dit à mesure; organiser l'illusion de la transparence intégrale partout et en tout et, donc, en conséquence, qu'il ne saurait plus y avoir d'issue à ce monde sans issue qu'un désespoir muet et morne; voilà le Grand Mensonge auquel la littérature qui vient devra opposer le scandale lumineux de son "grand style", ses prestiges réviviscents, et sa force invocatoire de tempète.
Et se poser et proposer en ennemie absolue de l'ordre des choses, lequel n'est qu'un désordre paroxystique maintenu par cette force abitraire qu'est l'ordre du présent pouvoir. Tout ceci changera.
Salut de Paix,
BD

mardi 3 mars 2009

Notes de Lectures

Don Quixote > Mme Bovary > Wozzeck...
Je relis depuis avant hier "Bovary", dans la dernière Edition du vivant de l'auteur chez Lemerre, de 1874; dans celle reliée cuir et très annotée chez Garnier; enfin dans celle -de 1951- des Portiques, augmentée du "Journal" et des "Brouillons". Ce triumvirat poursuivi de front est fort conséquent.
Flaubert, comme toujours, me ramène à la nécessité nue et absolue, très rude, âpre, très claire aussi, sans défaillances.
Flaubert, c'est Hegel romancier. Amen.
***
Ce n'est que de cette fois-ci que je commence à saisir "Madame Bovary" en tant que développement trans-historique d'un archétype de la Négation. Monsieur Bovary est déjà l'ébauche -en désintégré trivial- de Wozzeck, ou plutôt, dans "le renversement de perpective" ( toujours Hegel ) qui signale le passage au monstrueux XXe siècle, Wozzeck serait un "Madame Bovary Nouveau Modèle".
C'est à nouveau un homme ( soit : Don Quixote > Emma > Wozzeck), mais Wozzeck ne rêve plus à rien de "meilleur", le rêve même lui est interdit, si ce n'est le cauchemar. Son manque n'est qu'un tumultueux délire primal : il n'a même plus ( comme Quixote ou Emma ) le "recours aux romans"; signe d'un XXe siècle privé d'un imaginaire palliatif.
Mais la tête phrénologique demeure...
Le "sordide XVIIe siècle" pour Quixote.
Le "stupide XIXe siècle" pour Emma.
Le "monstrueux XXe siècle" pour Wozzeck.
Dans l'ordre tératologique, quel individu nié-et-bafoué donnera son nom, et sa face de Méduse au XXIe siècle ?
La tragédie d'Emma -et sans doute de Flaubert jusqu'à ce transfert que sera ce Roman- est de ne pas vouloir accepter comme "donnée définitive" ce qui l'entoure d'un quotidien "impossible". De là ces envies "d'engueuler l'humanité". Toujours Hegel : "Tenir en face de soi ce qui est mort est etc..."
Longtemps ailleurs, n'importe où, ici, ce fut mon drame et mon tourment vertigineux, accablant, quoique, dès le début, l'aspect ineluctable de tout ceci me fut notifié comme préalable absolument nécessaire à toute création possible. Madame Bovary, c'est aussi moi; mais je me soigne.

Jounal EX-Time ( 2)

Au désert, du LXIIe jour de l'an - J'essaye de réorganiser le cours de ma vie quotidienne selon le rythme et les critères antéspectaculaires qui prévalaient toujours lorsque la conscience réflexive se manifesta soudain en moi au début des années 70, en un temps où, encore, le quantitatif n'avait pas, en tout et pour tout, anéanti le qualitatif.
Alors cheminer signifiait quelque chose en quoi il fallait mettre soin, attention et patience. Il y avait, entre les êtres, les choses et les idées, assez d'espace -mais aussi de temps- pour que chacune des parties puisse se développer en sa plénitude achevée. On n'avait pas, encore, tout à fait réduit la pensée à cette chose déjetée, morte avortée à peine conçue. Pour ceux qui "pensaient", les communications, plus rares, restaient le fait d'un véritable souci de transmettre quelque chose de solide et valide à "se mettre sous la dent". Et la technique dont disposaient ces conjonctions spirituelles n'avait pas outrepassé son statut de simple "moyen" contingent. Le contenant n'avait pas annexé ni délogé le contenu et l'on savait fort bien faire la différence entre une oeuvre achevée, dans l'art, et de simples éléments disparates qui ne composaient, tels quels, rien d'autre qu'un fragment à peu près insignifiant, lequel jamais alors n'aurait été estimé apte à se produire, en un tel état.
L'échange de signes dans la littérature s'effectuait au sein d'une hierarchie qualitative qui laissait au mot "valeur" sa pleine injonction -et même encore quand cette valeur baissait beaucoup (et ceci à peu près jusqu'à la fin des années 80, où tout finit). On ne disait pas "tout à tous", précisément parce qu'on souhaitait d'abord de dire quelque chose à quelques uns. Et cette divinité nouvelle, cette imposture du "TOUT à TOUS" eut semblé alors, dans l'art du moins, une tartuferie digne des systèmes totalitaires d'ailleurs encore en place et de leur pseudo-art où, en fait, c'était le "Rien à personne" qui saturait et nolisait tous les reseaux de communications. Il eut été impensable alors de prédire que tout cela allait, 35 ans plus tard, s'appliquer en définitive à toute la planète, se mondialiser et s'uniciser, avec un succès franc et massif, délirant.
Pauvres chemins solitaires, voies de traverses, sentiers des bois, pistes à flanc de montagnes, parcourus à vitesse humaine dans l'excellence solitaire, vous étiez alors le cheminement vrai de l'homme qui évolue en sa pensée et sur cette terre, poursuivant au rythme de la marche songeuse la longue parturition d'une oeuvre, insouciante absolument de toute autre chose que de sa pleine maturation, et d'une qualité qui satisfasse son auteur.
C'était un choix très humain que de s'écarter dans ces sentes lointaines et solitaires : car c'était pour mieux y reconstituer, à travers l'unicité d'une oeuvre, l'humaine commune mesure. Et du particulier, toujours, rejoindre à l'universel, en l'évoquant selon les meilleures exigences et, ainsi, participant à son élévation.
Mettre au monde est un labeur long et lent. C'est aussi une activité essentiellement interne. Mais cette activité intérieure se génère encore selon les conditions extérieures : il s'agit alors d'un choix de vie dans lequel bien des choses factices et creuses doivent résolument être écartées. Dans ce cheminement en profondeurs vers la vérité telle qu'elle jaillira à la Lumière avec l'oeuvre enfin achevée, le chemin, précisément, fait déjà partie intégre de cette vérité; et celle-ci ne s'obtient qu'autant que celui là aura été pur en sa secrète démarche.


Salut de Paix,

B*D*

dimanche 1 mars 2009

Journal ExTime 2009

Au désert, du dimanche 1er mars -- Dans l'immédiateté des rapports réels qui s'inscrivent dans l'arène ruinée du Temps d'une Journée ou de plusieurs ; à la différence des rapports virtuels qui sont une sorte de "Best Of" plus ou moins laborieusement bricolé, agencé, manigancé; c'est d'abord la capacité à prendre sur soi la nature mutilée, exsangue, le ratage de ces rapports, qui pourrait encore faire autorité dans le champ d'une littérature vraie.
Ceci dépend des individus et de leur capacité methodique, aggravante, cinglante, à admettre ces déficiences, ces ratures, ces trous dans la toîle qui sont le souffle et la ponctuation du banal. Le résiduel c'est là où nous résidons essentiellement. Ces résidus qui n'ont plus place dans un monde global forment tout un arrière-monde : une duplication intégrale de cette planète -mais qui n'est pas censée être au monde. Vaste champ pour de nouvelles cohérences dans l'art le plus ultime, le plus exigeant.
Les oeuvres les plus inéluctables sont (si on les créait sous l'oeil commun) les oeuvres les plus discutables. Discutables sans fin ni esprit : palabre pour palabre; et l'on ne fait rien. Le temps passe, les occasions se sont perdues, la force a manqué, l'âme s'est obscurcie -et l'on a rien fait que d'écouter autrui qui disait comment faire. C'est si simple. Tout se perd dans une gestation avec les tripes à l'air, mais sans cet Obscur qui fait source.
J'aime mieux retourner au Désert. L'épure s'y maintient dans sa voyance. J'y demeure intégralement libre de suivre et poursuivre, tantôt musaraigne, tantôt busard, les inconvénients et l'impondérable de mon Propos. Au Désert, terrible et mutiple est la proximité de l'Esprit.
Mais c'est là, dans la foule des cris de Dieu qu'est la fontaine dont l'eau est la plus pure, et qui désaltère à jamais. Le mirage : qui sait si, sous son aspect de fantasmagorie; sous son aspect poursuivi à fond; ne se cache pas -à la fin- la Réalité Suprème ? Laisser les proies pour les ombres, et au désert où l'ombre n'est pas, quelle simplesse redoutable !
Il y a peu de choses dans une oeuvre immense; l'immensité n'infère par la multitude. Ecrire pour être lu est une déchéance. Ceci n'est pas un paradoxe cynique. C'est la véritable manière de s'y prendre avec le langage : raréfier. Il faut de l'espace pour que puisse se mouvoir dans son galop révoltant l'idée qui jusque là était maintenue sous le boisseau.
Je maintiens qu'il ne faut strictement rien faire quand on écrit que de rester là où le destin nous a mis, de nous y sceller, et de dire avec une infinie subtilité toute cette apparente insignifiance et banalité des alentours les plus immédiats.
Ecrire un livre sur rien. Mais c'est un crime que cela ! Il me faut le faire ! Car, alors, tout se retrouverait dans ce livre. Même si beaucoup ne trouveraient pas, dans ce miroir, leur compte.


Salut de Paix.
B D