dimanche 1 mars 2009

Journal ExTime 2009

Au désert, du dimanche 1er mars -- Dans l'immédiateté des rapports réels qui s'inscrivent dans l'arène ruinée du Temps d'une Journée ou de plusieurs ; à la différence des rapports virtuels qui sont une sorte de "Best Of" plus ou moins laborieusement bricolé, agencé, manigancé; c'est d'abord la capacité à prendre sur soi la nature mutilée, exsangue, le ratage de ces rapports, qui pourrait encore faire autorité dans le champ d'une littérature vraie.
Ceci dépend des individus et de leur capacité methodique, aggravante, cinglante, à admettre ces déficiences, ces ratures, ces trous dans la toîle qui sont le souffle et la ponctuation du banal. Le résiduel c'est là où nous résidons essentiellement. Ces résidus qui n'ont plus place dans un monde global forment tout un arrière-monde : une duplication intégrale de cette planète -mais qui n'est pas censée être au monde. Vaste champ pour de nouvelles cohérences dans l'art le plus ultime, le plus exigeant.
Les oeuvres les plus inéluctables sont (si on les créait sous l'oeil commun) les oeuvres les plus discutables. Discutables sans fin ni esprit : palabre pour palabre; et l'on ne fait rien. Le temps passe, les occasions se sont perdues, la force a manqué, l'âme s'est obscurcie -et l'on a rien fait que d'écouter autrui qui disait comment faire. C'est si simple. Tout se perd dans une gestation avec les tripes à l'air, mais sans cet Obscur qui fait source.
J'aime mieux retourner au Désert. L'épure s'y maintient dans sa voyance. J'y demeure intégralement libre de suivre et poursuivre, tantôt musaraigne, tantôt busard, les inconvénients et l'impondérable de mon Propos. Au Désert, terrible et mutiple est la proximité de l'Esprit.
Mais c'est là, dans la foule des cris de Dieu qu'est la fontaine dont l'eau est la plus pure, et qui désaltère à jamais. Le mirage : qui sait si, sous son aspect de fantasmagorie; sous son aspect poursuivi à fond; ne se cache pas -à la fin- la Réalité Suprème ? Laisser les proies pour les ombres, et au désert où l'ombre n'est pas, quelle simplesse redoutable !
Il y a peu de choses dans une oeuvre immense; l'immensité n'infère par la multitude. Ecrire pour être lu est une déchéance. Ceci n'est pas un paradoxe cynique. C'est la véritable manière de s'y prendre avec le langage : raréfier. Il faut de l'espace pour que puisse se mouvoir dans son galop révoltant l'idée qui jusque là était maintenue sous le boisseau.
Je maintiens qu'il ne faut strictement rien faire quand on écrit que de rester là où le destin nous a mis, de nous y sceller, et de dire avec une infinie subtilité toute cette apparente insignifiance et banalité des alentours les plus immédiats.
Ecrire un livre sur rien. Mais c'est un crime que cela ! Il me faut le faire ! Car, alors, tout se retrouverait dans ce livre. Même si beaucoup ne trouveraient pas, dans ce miroir, leur compte.


Salut de Paix.
B D

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